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Théorie de l’attachement

Observons le comportement d’un enfant : lorsqu’il sent l’imminence d’un danger, d’une séparation ou de la présence d’un inconnu, il cherche du réconfort auprès de sa mère, son père ou d’une personne qu’il connaît. Il crie, il pleure, il se déplace. Une fois le contact établi et le réconfort obtenu, ses demandes seront désactivées au profit de comportements d’exploration : l’enfant pourra repartir à la découverte de son environnement.

Cette stratégie, qui est celle d’un enfant sécure, réussit si les figures d’attachement apparaissent comme accessibles et capables de répondre de manière cohérentes aux demandes de réconfort. Par contre, lorsque l’enfant prévoit que les figures d’attachements seront insensibles à ses demandes où qu’elles auront des réponses inadéquates, l’enfant aura alors deux solutions :

  • minimiser ses demandes de réconfort et éviter de ce fait d’être confronté à un rejet (c’est le cas des comportements insecure-évitant)
  • ou alors, au contraire exacerber ses comportements afin de pousser l’adulte à répondre (c’est le cas des comportement insecure-résistant : l’enfant résiste aux messages de réconforts. Il s’agit de l’attachement ambivalent, anxieux)

Les très nombreuses observations montrent que 66% des enfants d’un an ont un comportement sécure, 17% ont un comportement insécure-évitant et 17% ont un comportement insecure-résistant et ce dans les 5 continents et pour toutes les cultures.

Quelques observations :

  • L’enfant insecure-évitant aura tendance à ne pas montrer ses émotions alors qu’au contraire, l’enfant insécure-résistant aura tendance à exagérer ses demandes de nature émotionnelles.
  • Lors de l’attachement sécure : si l’enfant émet des demandes de nature émotionnelle, et que l’adulte y répond en procurant sécurité et protection, l’enfant perçoit que l’adulte comprend ses émotions et cela est fondateur pour son développement psychologique. L’adulte valide l’existence même d’émotions. De plus, l’enfant, ainsi connecté à son monde interne, va saisir que ce monde est partageable avec autrui. C’est le fondement de l’ouverture à l’autre, de l’empathie.
  • Dans le cas contraire, si l’émotion de l’enfant ne peut pas s’exprimer car non tolérée par l’adulte, l’enfant risque bien de ne plus se laisser éprouver cette émotion.

Un besoin essentiel des individus est de pouvoir réguler leur état interne (rythme cardiaque, respiratoire, sécrétion d’hormones) affecté par leurs émotions. Au cours des échanges avec ses proches, l’enfant va donc intégrer une sorte de modèle de régulation de ses émotions : il engramme une façon de faire pour apaiser la peur, la détresse. Lorsque tout se passe bien, le parent constitue, selon l’expression de Bowlby, un port d’attache, une base sécurisante. La répétition des expériences d’apaisement procure un sentiment de sécurité. La présence d’une figure familière permet de réduire la tension lors d’un nouvel épisode de détresse. Le bébé intègre le schéma « j’ai peur, j’émets un signal, j’obtiens un réconfort  de mes proches». Il se fait une idée de ce qu’il peut attendre de ses proches. Les premières expériences d’attachement sont « sécures », elles marquent de leur empreintes les relations ultérieures et plus généralement le futur de l’individu.

(source : L’attachement en question – Blaise Pierrehumbert – Edition Odile Jacob – 2020)

 

N’hésitez pas à laisser vos commentaires et questions. Voici quelques sujets qui pourraient faire l’objet d’un prochain article :

  • John Bowlby (1907 – 1990) est le fondateur de la théorie de l’attachement. Que cherchait-il ?
  • Le protocole de « la situation étrange » imaginé par Mary Ainsworth permet d’identifier le type d’attachement d’un enfant de 1 an. Comment ça marche ?
  • En 1986, Mary Main découvre un 3eme type d’attachement, de quoi s’agit-il ? Et pourquoi n’a -t- il pas été repéré auparavant ?
  • Qu’est-ce que le trouble réactionnel de l’attachement ?